ARTISTE SCULPTEUR
2018
Depuis quelques années, le bois constitue la
ressource privilégiée de François-Xavier Laloi,
alors que dans le même temps son travail
s’est récemment déployé dans le champ de la
sculpture. Il faut dire que sa pratique antérieure
de la peinture, parce que fortement ancrée dans
une réflexion des procédés et de la matériologie
mis en œuvre, a très naturellement déterminé ce
déplacement.
L’attention qu’il porte à son matériau favori,
notamment aux processus industriels de
transformation et de conditionnement qu’il subit,
confère au propos de l’artiste une dimension
autrement complexe que ne le laisse supposer de
prime abord la simplicité des figures données à
voir. Les éléments qu’il récupère sous des formes
déjà débitées ou conditionnées (palettes, sacs
de bois de chauffage, etc.) ont ainsi en commun
d’avoir fait l’objet d’une première destination.
Leur recyclage participe alors du renversement –
ou contournement – d’un processus qui, la plupart
du temps, aurait dû conduire à leur dégradation
voire leur disparition, une fois passé le stade de
déchets, de débris ou de cendres.
Les formes qui en résultent nous renvoient alors
inévitablement à Giuseppe Penone. Et si les
Arbres sont bien convoqués, un examen plus
attentif de la démarche à l’œuvre ici la distingue
explicitement de l’approche héroïque de l’artiste
italien. L’entreprise de François-Xavier, conduite
avec humour et dérision, est en effet plus
modeste : il n’y est plus question de vérité mais
d’un recours assumé à l’artifice, il ne s’agit pas de
retrouver l’arbre lui-même mais plus simplement
son image.
Edouard Monnet
Directeur de l’association Vidéochroniques à Marseille.